Zénobie

La littérature arabe ancienne et moderne n’ignore pas Zénobie, bien au contraire, et elle y apparaît bien avant que les idéologies nationalistes contemporaines s’en emparent. La question majeure est de savoir dans quelle mesure l’aventure militaire et politique de Zénobie a eu une incidence sur les peuples de l’Arabie et si les légendes arabes sur Zénobie sont issues de cette mémoire locale.

Accessoirement, on peut se demander, comme Jules Michelet (cité plus haut), si les traditions arabes permettent d’approcher davantage la réalité de Zénobie.

Par ailleurs, Zénobie jouit en Syrie d’une place privilégiée : dans le petit nombre des héros locaux antérieurs à l’Islam, elle occupe la tête, avant Philippe l’Arabe et Iulia Domna, pour rester dans le milieu des Romains.

Mais le nationalisme syrien, que le parti Baath au pouvoir depuis 1963 a exacerbé, s’est emparé d’elle et en a fait un précurseur des luttes contre l’oppression coloniale. Entre cette position idéologique et les sources arabes anciennes, nul besoin de chercher des liens, car il n’y en a pas.

Mais cet a priori idéologique, ressassé sans aucune distance critique dans toute publication syrienne, présente l’inconvénient non seulement de maintenir élèves, étudiants ou simples visiteurs dans un état d’ignorance absolue sur les réalités politiques de la Palmyre antique, mais aussi d’interdire toute recherche qui s’écarte de l’opinion officielle.